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Le courrier, un média de relation à l’heure du numérique

Le courrier, un média de relation à l’heure du numérique

Dans un monde saturé de messages instantanés, le digital semble avoir absorbé l’essentiel des interactions entre marques et citoyens. Pourtant, un mouvement de fond s’esquisse : celui du retour du courrier papier comme média de confiance, d’attention et de relation durable. Le livre blanc L’Art du Lien, publié par La Poste Solutions Business, en montre les ressorts. Pour comprendre ce renouveau, nous avons rencontré Yves Xémard, Directeur de la Business Unit Courrier et Presse, qui porte une conviction forte: l’avenir ne se joue pas entre papier et numérique, mais dans l’intelligence de leur complémentarité.

Le digital domine nos vies, mais on observe un retour surprenant du papier. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette redécouverte du courrier dans les stratégies de communication ?

Dans un monde sursaturé par les sollicitations digitales, où le cerveau est surmené, le courrier a de nombreuses vertus : il permet à une marque, à un émetteur, de se distinguer, d’être différent, reconnu, d’avoir de l’impact et surtout de montrer une marque de considération à son destinataire, c’est ce qui fait la force, aujourd’hui plus encore, de l’écrit imprimé.
Nos clients cherchent à montrer de la considération à leurs clients et à tisser des relations de qualité, or le courrier favorise l’engagement. Un courrier plus rare, c’est aussi un courrier plus remarqué et valorisant, et qui se distingue des autres modes de communication. Les professionnels qui témoignent dans ce livre blanc ont fait le même constat.

Vous dites souvent que «l’avenir des stratégies relationnelles ne se joue pas entre papier et numérique, mais dans leur complémentarité». Concrètement, comment La Poste incarne-t-elle cette intelligence du mix média ?

Nous sommes dans un groupe qui représente bien cette complémentarité, puisque nous proposons des solutions de courrier, média physique, et des solutions numériques, média digital. Très tôt, nous avons proposé à nos clients de s’appuyer sur cette richesse dans la communication vers leurs clients et de tenir compte des impacts différents que ces canaux peuvent produire. Nous avons assisté à une conversion très forte aux communications numériques, mais, d’évidence, aujourd’hui, elles ont pris trop de place. Selon la dernière étude Balmétrie 2025, le courrier relationnel et de gestion est important pour 80% des Français. Il faut donc rééquilibrer les communications relationnelles en utilisant au mieux tous les canaux, physiques et numériques.

Dans un monde saturé de notifications, le courrier semble recréer un espace d’attention véritable. Pourquoi cette dimension est-elle si précieuse aujourd’hui ?

98% des Français lisent les courriers relationnels et de gestion qui leur sont adressés, avec en moyenne, une attention de plus de 3 minutes, ce qui est considérable.
L’attention est malmenée, produire des communications réellement efficaces dans notre monde digital devient de plus en plus difficile. La réception d’un courrier, et surtout sa lecture, se fait toujours dans un temps choisi par le destinataire, et souvent dans un moment calme, propice à la concentration et à la mémorisation.
Le lecteur est disponible et donc attentif, c’est bien cela l’effet recherché par nos clients émetteurs.

63 % des Français estiment que le courrier favorise le lien avec l’émetteur. Comment La Poste accompagne-t-elle les entreprises pour transformer cette confiance en capital relationnel durable ?

Le courrier est tangible, son expéditeur est connu et reconnu, il favorise, chez le destinataire, un sentiment de sécurité et de confidentialité. En effet, le courrier papier inspire confiance, dans un environnement aujourd’hui aux prises avec les fake news, l’usurpation d’identité, les sms frauduleux, les vols de données personnelles (qui toucherait au minimum 15% de la population).

Peut-on dire que le courrier contribue à maintenir un lien social essentiel, notamment dans les territoires ruraux ou isolés ?

Le courrier est distribué 6/7J en tous points du territoire, par des facteurs assermentés. Ces derniers incarnent et font vivre cette relation de proximité si précieuse. La distribution du courrier permet de transmettre de l’information à tous les citoyens, d’inclure tous les publics et bien plus que cela. Pour certains, le passage du facteur représente parfois le seul lien avec l’extérieur.
C’est une dimension sociale essentielle.

Certains pensent encore que le papier nuit à l’environnement. Comment luttez-vous contre ces idées reçues ?

Le papier se recycle à 70%, tout comme l’eau qui sert à fabriquer le papier, il suit la même logique de réutilisation que les emballages que nous utilisons chaque jour. Les Français se rendent désormais compte que l’argument écologique pour justifier le « tout digital » n’est pas recevable.

Le courrier évolue si vous deviez résumer en une phrase la philosophie de La Poste face à cette transformation, quelle serait-elle ?

Face à l’évolution de la société, La Poste se transforme et propose des services adaptés et contemporains. Le courrier est lui aussi dans cette dynamique, nous continuons à le faire évoluer en combinant le meilleur du physique et du numérique pour offrir toujours plus de services à l’émetteur comme au destinataire.

À l’heure où le digital sature l’attention et fragilise le lien entre marques et publics, le courrier papier connaît un renouveau. Selon le livre blanc «L’Art du Lien» de La Poste, il redevient un outil stratégique de communication et de relation client.

travers des témoignages d’experts, de sociologues et de grands acteurs publics et privés, le rôle essentiel du courrier relationnel dans la création de liens durables et authentiques à l’ère du numérique est mis en lumière au travers sept grands thèmes : l’attention choisie, la confiance durable, la considération sincère, l’information accessible à tous, la responsabilité engagée, la vision sociétale et l’expérience réussie.

Dans une société envahie par les messages instantanés, le courrier s’impose comme un acte d’attention rare. 98 % des Français lisent les courriers relationnels et de gestion, 85 % avec une attention soutenue, et le temps moyen de lecture atteint près de 3 minutes, un record face aux autres médias. Le courrier favorise une attention profonde et affective, créant un attachement durable. Pour la Macif, il s’agit d’un pilier de la relation sociétaire, permettant une présence humaine et différenciante à chaque étape clé de la vie des clients.

La considération, valeur centrale du lien, est ravivée par le courrier. Recevoir une lettre, c’est être reconnu et choisi. 62 % des Français estiment que le courrier favorise le lien avec l’émetteur, 69 % qu’il renforce l’image de l’expéditeur. Au Crédit Agricole, le maintien du courrier papier pour certains échanges est vécu comme une marque de respect et de confiance, symbolisant la continuité dans un
monde incertain.

Face à la volatilité numérique, le courrier reste un repère de fiabilité. 73 % des Français préfèrent recevoir leurs courriers importants en format papier. Le courrier, tangible et vérifiable, offre la maîtrise du message et porte la responsabilité de l’expéditeur.

Le facteur humain reste au cœur du lien : 60 000 facteurs sillonnent la France, apportant bien plus que des plis, parfois le seul signe de présence pour les plus isolés. Le courrier touche toutes les générations, les jeunes redécouvrant le plaisir de recevoir une lettre, symbole d’attention rare.

Le courrier se réinvente aussi comme média responsable : 84 % du papier est recyclé en Europe, et les forêts européennes continuent de croître. Contrairement aux idées reçues, le papier est une ressource naturelle, renouvelable et sobre, alors que le numérique repose sur une économie minière et énergétique lourde.
La Poste défend une hybridation raisonnée des canaux, alliant efficacité, durabilité et respect de l’environnement.

Les grandes marques et institutions misent sur la complémentarité papier/digital pour une communication efficace. Le courrier, média sensoriel et émotionnel, permet des campagnes créatives et renforce la proximité, comme l’illustre l’envoi nominatif du magazine de la Région Île-de-France à chaque foyer.

En conclusion, le courrier n’est pas un média du passé mais d’avenir : il incarne sincérité, confiance et attention, répondant aux besoins essentiels de notre époque. Il redonne du temps à la relation et promet un lien durable, profond et humain.

Ceux qui ont participé / contribué :
Marie-Pierre de Bailliencourt (Institut Montaigne) : édito
Michaël V. Dandrieux (ERANOS) – Marion Coutel (MACIF) – Jan Le Moux (TWO SIDES) – Paul Hetroy (VOLKSWAGEN GROUP – FRANCE) – Serge Guérin – Éric Gonce (CRÉDIT AGRICOLE) – Christian Herter (WÜRTH FRANCE) – Elora Ferry Goncalves (LA POSTE) – Yves Charmont (CAP’COM) – Frédéric Ollivier (RÉGION NORMANDIE) – Guillaume Pitron (IRIS) – Pierre Barki (CULTURE PAPIER) – Philippe Briend (LA POSTE) – Corinne Théron (LA POSTE) – Théo Van Nieuwenhove (LA POSTE) – Iris Jager (LA POSTE) – Victor – Bernadette – Capucine Piérard (HAVAS) – Perrine Dammanville (RÉGION ÎLE-DE-FRANCE) – Yves Xémard (LA POSTE)

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