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Paiement en ligne : la numérisation de l’économie accélère

Paiement en ligne : la numérisation de l’économie accélère

Le paiement en ligne est un élément crucial du commerce numérique et de l’économie mondiale d’aujourd’hui. Il englobe toute transaction financière effectuée par l’intermédiaire d’Internet. Il s’agira ici de dresser un aperçu détaillé de ses aspects clés. Ce premier évolue à vitesse grand V autour de constats clairs. Le paiement en liquide disparaît au profit des paiements dématérialisés poussés par des innovations technologiques. Les marchés émergents voient le développement de la dématérialisation des paiements augmenter rapidement, les consommateurs recherchent une personnalisation toujours plus qualifiée et une garantie d’utilisation conforme de leurs données.

Enfin, les évolutions sont nombreuses. Parmi ces dernières, le portefeuille numérique.
A travers ce dossier, nous allons vous présenter les enjeux.

Dans un contexte de marché fortement influencé par un environnement inflationniste et technologiquement dynamique, de nombreuses opportunités d’innovation émergent. Au travers d’un état des lieux des besoins des professionnels, des enjeux auxquels ils doivent faire face et de leur vision à plus long terme, le groupe Lyra, dans son étude « Attentes, visions et tendances dans le paiement » apporte une analyse éclairée. Des enseignements précieux à destination des commerçants pour la conception de leurs nouveaux parcours d’achat.

Selon Alain Lacour, CEO de Lyra, « depuis ces dernières années, l’écosystème du paiement connaît une grande transformation et une accélération sans précédent en termes d’évolutions technologiques. La crise sanitaire et l’inflation actuelle ont certes changé les habitudes des consommateurs mais d’autres changements moins visibles ou connus impulsent une profonde mutation offrant de nombreuses opportunités d’innovation : Open banking, tokenisation, DSP3 à venir, dématérialisation des moyens de paiement, terminaux de paiement Android, SoftPOS, généralisation du paiement par QR code … »

La sécurité, l’enjeu principal

L’enquête de Lyra révèle que 57 % des professionnels interrogés placent la sécurité en tant que priorité numéro un dans le parcours de paiement. Aussi, les marchands ont pris conscience de l’importance de renforcer la sécurité de leurs données et celles de leurs clients. En effet, face à une menace croissante de cybercriminalité, la nécessité de protéger les informations sensibles est plus importante que jamais. De plus, en matière de sécurité, 62% des participants estiment que la conformité au  Règlement général sur la protection des données (RGPD) est au cœur des attentes des commerçants. Il s’agit aussi d’une demande affirmée des clients : garantir la protection des données personnelles.

La sécurité est certes un enjeu majeur, mais il est aussi important de noter qu’elle n’est pas l’unique critère pris en compte par les entreprises pour les paiements.

Selon l’étude, « une solution de paiement doit aussi soutenir la croissance du commerçant et lui permettre de gagner en agilité. D’autres critères importants ont été mis en évidence par l’enquête, tels que : les moyens de paiement (29 %) ; la facilité d’intégration (28 %) ; la couverture internationale (26 %) ou encore le parcours de paiement (25 %). » Pour rester compétitif et répondre aux marchés émergents de la clientèle étrangère, il faut prendre en compte l’ensemble de ces aspects. En effet, l’évolution du paiement est accélérée dans certaines zones. C’est le cas, par exemple dans l’Europe de l’Est comme la Pologne qui connaît une croissance rapide dans le domaine du e-commerce, avec un intérêt croissant pour les paiements en ligne et les technologies financières ou bien en Amérique Latine avec des pays comme le Brésil, le Mexique, et l’Argentine qui voient une augmentation de l’utilisation des paiements en ligne, stimulée par l’urbanisation croissante et la pénétration des smartphones.

Innover et intégrer : les enjeux de l’omnicanalité

Au-delà de la sécurité, l’innovation est un autre enjeu majeur pour les décideurs des entreprises. Une veille permanente est nécessaire pour rester à jour et répondre aux attentes changeantes des consommateurs. De plus, l’omnicanalité dans le paiement est identifiée comme un enjeu structurant. Par exemple, aujourd’hui, réserver en ligne et payer en magasin (ou l’inverse) constitue un plus indéniable pour les consommateurs.

Cette approche répond aux attentes des consommateurs modernes qui recherchent flexibilité et commodité dans leurs interactions d’achat. Elle contribue également à améliorer l’expérience client, augmentant ainsi la fidélité et le potentiel de ventes répétées. Elle permet une expérience client améliorée, une flexibilité dans le choix des moyens de paiement pour les consommateurs, par exemple. Il est clair que l’écosystème des paiements est en pleine évolution. A ce titre, il n’est plus suffisant de rester statique et de “s’accrocher” à des méthodes de paiement obsolètes. Les entreprises doivent se préparer et s’adapter à ces changements pour rester compétitives. Quel que soit le mode sélectionné, les entreprises doivent être capables de centraliser les données et de rendre les parcours d’achat plus fluides pour répondre aux attentes des consommateurs dans le monde numérique actuel.

Les tendances de demain : les portefeuilles numériques domineront-ils dans les offres de paiement ?

Les résultats de cette étude révèlent également une prévision surprenante concernant les moyens de paiement de demain. Malgré l’incertitude économique actuelle et le changement rapide des habitudes des consommateurs, 72 % des décideurs sont convaincus que le contexte actuel aura un impact fort sur l’avenir des paiements.

Ils prévoient que les wallets (portefeuilles numériques), plus sécurisés et plus faciles à utiliser, seront le moyen de paiement dominant à l’avenir. En effet, grâce à la généralisation des usages mobiles, les wallets sont considérés par 65 % des répondants comme le futur des transactions financières. Outre les wallets, l’enquête Lyra révèle également que d’autres formes de paiement pourraient gagner en popularité dans le futur. Le paiement en plusieurs fois ou les cartes prépayées, par exemple, sont cités par 51 % des participants comme des moyens de paiement qui seront davantage utilisés demain. Ces méthodes de paiement peuvent renforcer l’attractivité et la fidélisation des clients pour les marchands, ce qui s’avère particulièrement pertinent dans le contexte économique actuel.

Encadré : nouveaux moyens de paiement :  les banques ne s’avouent pas vaincues

La carte bancaire peut-elle être détrônée par d’autres moyens de paiement à terme ?

Selon Sabine Gräfe, directrice d’études chez Xerfi-Percepta, la filière du paiement a été le théâtre de plusieurs innovations ces dernières années. Un phénomène clairement porté par les évolutions technologiques, les mutations du commerce et des parcours d’achat, l’ouverture à la concurrence pilotée par le régulateur ou encore la montée en puissance des fintechs. Et le mouvement est loin d’être achevé́ ! Après avoir investi Internet et les mobiles, le commerce s’oriente aujourd’hui vers les réseaux sociaux et les assistants virtuels. Demain, il pourrait s’installer dans le metavers. En réalité́, les tendances actuelles vont être confortées d’ici 2025. Plébiscité́, le paiement sans contact par carte continuera de faire des émules. Son pendant mobile poursuivra également sa marche en avant mais à petits pas. A plus long terme, les nouvelles générations pourraient toutefois accélérer sa diffusion. Les facilités de paiement s’installeront dans le paysage. C’est d’autant plus vrai qu’elles devraient bientôt être soumises à un cadre réglementaire propice à̀ un développement plus « vertueux ». Au-delà̀, la question est de savoir si le virement instantané́ est susceptible de s’imposer sur le marché́. Bruxelles a légiféré́ dans ce sens alors que les banques centrales ont réussi à relancer le projet EPI (Europan Payement Initiative), désormais recentré sur l’instant payement ou virement instantané́. Malgré́ les expérimentations en cours, certains freins persistent. A plus long terme, les cryptomonnaies pourraient entrer dans la danse. Certes, les cas d’usage sont pour l’instant encore marginaux. Toutefois, les ambitions de certains acteurs de l’écosystème crypto et l’effet générationnel pourraient donner l’impulsion nécessaire. En attendant, la carte bancaire conforte année après année sa place de premier moyen de paiement et concentre désormais près de 60% des transactions. Un premier rôle que les récentes innovations n’ont pas réussi à écorner pour l’heure ».

Avec l’exacerbation de la concurrence, les banques ont-elles perdu la partie ?

Depuis l’ouverture à la concurrence, le marché́ français du paiement compte un nombre croissant d’opérateurs. Les acteurs traditionnels, banques et spécialistes, doivent en effet désormais composer avec un écosystème porté par les fintech, toujours plus dense, mais aussi avec les incursions des bigtech. Sans oublier de nouveaux trublions, à l’instar du groupe Illiad ou de la Française des Jeux récemment arrivés. Cette intensification de la concurrence est pesante pour les banques. Après avoir manqué́ de réactivité́ et cédé́ un peu de terrain, elles sont reparties à l’offensive en multipliant les rachats de start-up, voire d’autres acteurs, les partenariats avec l’écosystème tech et les développements internes. Surtout, elles ont relancé́ l’EPI, projet de coopération européenne recentré sur un porte-monnaie électronique et l’instant payement. Le virement instantané́ pourrait en effet représenter une voie alternative pour contrer la domination des réseaux de cartes internationaux. Bref, les banques ne s’avouent pas vaincues. Il est vrai que les innovations récentes reposent dans la plupart des cas sur la carte, à l’image des solutions de type X Pay. Cela dit, les fintech tricolores sont durablement installées dans le paysage entre les prestations de services de paiement, les terminaux de paiement, le paiement fractionné/différé́ ou encore les titres restaurant. Aujourd’hui, ce sont les fintech étrangères qui sont à la manœuvre. Chez les bigtech, les initiatives se concentrent surtout sur les solutions de type X Pay en France. D’une puissance de feu sans commune mesure avec celle des fintech, ils souffrent encore d’un déficit de confiance en matière de sécurisation des données. Ces acteurs vont par ailleurs devoir composer avec le nouvel arsenal réglementaire européen qui les contraindra à un développement plus « vertueux ». Et s’il convient de relativiser la menace des bigtech à court terme, il ne faut surtout pas la sous- estimer.

Où en sont les projets de monnaie numérique de banque centrale ?

La tentative de Meta d’émettre une monnaie numérique avait provoqué́ une véritable onde de choc dans l’industrie financière. Et si le projet a finalement été abandonné́ fin 2019, de nouveaux stablecoins ont été lancés depuis. Plusieurs sont même adossés à l’euro mais rarement émis par des acteurs européens, exacerbant la problématique de souveraineté́ numérique. C’est dans ce contexte que les projets de monnaie numérique portés par les banques centrales (MNBC) se sont multipliés. Au niveau mondial, 93 projets de MNBC de détail étaient ainsi recensés début 2023 et 35 de MNBC de gros. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) porte un projet d’e-euro tandis la Banque de France travaille à une MNBC de gros. Si ce dernier fait globalement consensus, il en va autrement pour son équivalent de détail. Déjà̀, certaines banques centrales ont arrêté́ leur projet, à l’instar de celle du Japon alors que son homologue britannique s’interrogeait encore début 2023 sur son utilité́. Le projet d’e-euro est lui critiqué par l’industrie bancaire qui pointe l’absence de cas d’usage pertinent et le risque de confusion pour les utilisateurs finaux. Sans oublier qu’a priori l’e-euro serait logé dans un portefeuille électronique. Tout comme le projet paneuropéen porté par les banques, l’EPI, qui repose lui aussi sur un wallet.

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